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Qualif hors course épisode 2

Qualif hors course

Episode 2

Ca yest je suis lancé !

La nuit tombe doucement sur les Glénan ; je suis encore très près de la terre ; j’ai presque l’impression d’entendre le murmure de la vie quotidienne : on se prépare pour la soirée, il fait très doux, les gens doivent encore trainer à la plage, peut –être même réfléchit on à un pic nic improvisé. D’autres doivent se retrouver pour regarder le match France Angleterre, qui consacrera éventuellement les français vainqueurs du 6 nations avec Grand Chelem à la clef ; tout ça m’intéressait encore il y a quelques heures, et me semble maintenant parfaitement incongru.

De mon côté, mon actualité, la seule, c’est de mener mon bateau entre les cailloux des Glénan, d’éviter les pêcheurs du Guilvinec qui ont la réputation de parfois sortir du port à fond la caisse, AIS éteint. Je pense aussi pas mal aux horaires de marée car le plan est de traverser sur la même marée montante le raz de sein et le passage du Four. Programme assez ambitieux si on regarde ma position actuelle et l’heure ; il faut que je charbonne. Alors je retourne aux réglages, et soigne ma trajectoire. Je me prépare à passer ma 1ère nuit en mer en solo. Cela me fascine et m’inquiète à la fois. Ça fait un bail que je rêve de ce moment, cet état presque d’apesanteur, seul sur son bateau, en pleine nuit, entre le miroir de la mer et le ciel, en lévitation entre deux mondes. En même temps cela me terrorise un peu, quand je pense à la liste des avaries potentielles et la solitude réelle au moment de les affronter, à l’exigence de chaque instant demandé par la navigation (veille des autres bateaux, des hauts fonds, de sa trajectoire, de ses réglages, de la météo changeante ; gestion du froid, de la fatigue, de l’alimentation). Je n’aurais pas trop le temps de penser à tout ça, car la navigation exige sans cesse des actions ce soir : changement de spi car le vent monte, prise d’un ris dans la grand ’voile, déclenchement d’empannaged aux bons moments pour se glisser entre la côte et les Glénan, contourner les cardinales dans le bon sens, puis saluer le phare d’Eckmühl, avant de s’engager dans la longue baie d’Audierne pour viser le raz de Sein. Suivre la rotation du vent, anticiper les manœuvres à venir. Très vite, l’entrée du raz de sein approche, il faut alors affiner la trajectoire, et je décide aussi de préparer mon gennaker car je vais devoir lofer un peu ensuite et j’espère aller assez vite pour être à l’heure au passage du Four. Sitôt le raz de Sein passé, je m’active : affalage de spi, préparation du gennak,…c’est alors que mon AIS m’alerte d’un danger de collision : je regarde tout autour de moi : aucun phare de bateau, aucun bruit de moteur, aucune silhouette de voiles ; j’ai envie de finir ma manœuvre car pour l’instant je ne perçois pas de danger imminent ; pourtant je décide quand même d’interrompre ma manœuvre et d’aller voir de plus près l’afficheur de l’AIS : la cible qu’il signale est à O kn, étrange… je me gratte la tête, quand tout à coup je comprends : je suis en train de foncer sur le phare de Tévennec qui se trouve juste à la sortie Nord du Raz ; vite je remets le bateau en condition de manœuvrer et j’abats en, grand pour m’écarter de cette petite île et de ses hauts fonds qui la précèdent. Pas le temps d’épiloguer, la marée au Four n’attend pas, je reprends ma manœuvre, envoie le gennak et mets le cap sur la pointe St Mathieu. Le bateau accélère, mes réglages semblent bons, le bateau est équilibré, je peux presque lâcher la barre sans perturber les forces à l’œuvre : les voiles captent le maximum du vent présent, le transmettent au bateau via le gréement, la carène convertit cette poussée en force motrice et le système de barre et la quille se charge d’équilibrer et de diriger l’ensemble dans la bonne direction. On clique sur le boitier du pilote auto, mode vent réel, quelques réglages de gain, lissage de vent, coeff de barre et contre barre et voilà le bateau qui file seul, sans plus aucune action de ma part. Cette vision a quelque chose de magique. Je n’ai plus qu’à me concentrer sur l’AIS pour m’assurer que les eaux à courir sont claires, vérifier ma carto, et je décide de m’accorder 20 minutes de sommeil.

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